Faire tout seul et sans aide?…
Si, comme le dit Gilles Deleuze, la tâche du professeur est d’amener les étudiants à « aimer leur solitude », cette solitude ne constitue pas un isolement. L’expérience de cette solitude, et de l’incertitude inconfortable qui va avec, constitue sans doute un passage inévitable vers une forme de liberté. Et elle est en même temps la condition qui rend possible quelque chose comme une « communauté ». Le partage avec d’autres « solitaires » embarqués dans la même aventure est ainsi un élément essentiel de la démarche.
D’abord pour des raisons assez évidentes d’entraide, parce que c’est plus facile de « se motiver » à plusieurs (un peu comme au fitness…) et parce que les ressources trouvées par les uns peuvent bénéficier à tous les autres.
Mais aussi, et surtout, parce que l’expérience du partage, de la proximité, de la confiance, de la solidarité, du risque de l’ouverture à l’autre, du soutien donné et reçu, est un élément essentiel pour s’affranchir de l’enfermement dans ses peurs et libérer les forces d’amour (n’ayons pas peur des mots!) et de créativité dont nous avons besoin pour entrer avec courage et joie dans une vie toute neuve.
Nous avons tous le désir de rentrer chez nous, quelque part où nous n’avons jamais été – un lieu, à la fois souvenir et vision, dont nous pouvons seulement capter des aperçus de temps en temps. La communauté. Quelque part, il y a des gens auxquels nous pouvons parler avec passion sans que les mots nous restent dans la gorge. Quelque part, un cercle de mains s’ouvrira pour nous recevoir, des yeux s’allumeront quand nous entrerons, des voix célébreront avec nous notre entrée dans notre propre pouvoir. La communauté signifie une force qui rejoint notre propre force pour faire le travail qui doit être fait. Des bras pour nous soutenir quand nous défaillons. Un cercle de guérison. Un cercle d’amis. Un lieu où nous pouvons être libres. (Starhawk)