Libérer l’étude

« Je crois que Dieu a créé l’âme humaine capable de s’instruire seule et sans maître. » (J. Jacotot)

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(Asger Jorn)

Passer sa « matu » sans aller à l’école sans suivre des cours dans une classe, avec un enseignant? Est-ce vraiment possible? N’est-ce pas naïf, voire arrogant?

La conscience toujours plus étendue de l’inéluctabilité, ou de l’opportunité, d’un changement de société conduit bien évidemment aussi à interroger nos conceptions et nos pratiques de l’éducation. Il existe ainsi aujourd’hui, à travers le monde et près de chez nous, un nombre croissant d’écoles « libres » et d’expériences de « déscolarisation ». L’école, sous sa forme « traditionnelle », et sa nécessité apparemment incontournable sont remises en question avec plus ou moins de radicalité. On pourrait reprendre ici, pour l’éducation en particulier, les mots prononcés par Lincoln en 1862, pour plaider l’abolition de l’esclavage: « Objectez tout ce que vous voudrez, la question est toujours celle-ci : Pouvons-nous faire mieux ? Les dogmes du paisible passé ne sont plus à la hauteur de l’orageux présent. L’occasion offre un amoncellement de difficultés et il faut nous élever à la hauteur de l’occasion. De même que notre position est nouvelle, il nous faut de nouvelles pensées et des actes nouveaux; il faut nous affranchir nous-mêmes, et alors nous sauverons le pays. »

Il s’agit certes, ici, de préparer et d’obtenir la maturité fédérale. Mais sans perdre de vue que la tâche de l’éducation n’est pas d’adapter les individus au monde tel qu’il est, mais de leur donner la confiance et la puissance pour transformer ce monde et le rendre meilleur.

C’est dans un tel mouvement que s’inscrit le programme « la matu en liberté » présenté ici. Il repose sur une idée fondamentale: dans une « communauté » d’étudiants autonomes et dans un environnement où les conditions d’accès à la connaissance ont radicalement changé par rapport à l’époque où l’école pour tous a été inventée, chacun est capable d’apprendre par soi-même, une fois qu’il a retrouvé la confiance dans la puissance de sa propre intelligence – ou qu’il s’est (re)trouvé lui-même, avec la plénitude de toutes ses propres ressources. Dans le même sens, donc, que l’ensemble des démarches proposée par « Libérer la vie ».

Il n’y a aucune arrogance à dire: « je peux apprendre seul » – la vraie arrogance se trouve chez ceux qui pensent: « vous non plus, vous ne pouvez pas apprendre seuls ».